Espagne: on prend nos marques

Après la France où nous avions pris notre temps, nous avons eu envie d’avancer plus vite afin de nous rapprocher du chaud car il commençait à faire vraiment froid ! Ainsi, c’est par les routes nationales, toutes dotées d’une bande d’arrêt d’urgence, que nous servons comme piste cyclable, que nous avançons à toute berzingue ! Contrairement à ce que nous nous imaginions, les Espagnols se montrent très respectueux de la distance de sécurité nécessaire : Gracias ! Par contre on a été piégé à plusieurs reprises par des routes nationales de transformant soudainement en autoroutes avec un panneau interdisant l’accès au vélo placé au dernier moment, ce qui nous a valu quelques contre-sens sur des entrées d’autoroutes ! Rassurez-vous il ne s’agissait que de quelques dizaines de mètres !

Afin de rejoindre les parents d’Anysia à Cordoba le 10 novembre, nous avons décidé de couper net à travers le pays. Nous avions également envie de découvrir d’autres paysages moins côtiers. Ainsi, nous avons pu traverser de nombreuses plantations fruitières : orangers, mandariniers, plaqueminiers (kaki), cognassier, grenadier et de nombreux champs cultivés. Nous avons pu profiter de magnifiques paysages avant l’Andalousie. Mais surtout nous avons pédalé des centaines de kilomètres dans des plantations d’olivier en rang d’oignon à perte de vue des deux côtés de la route. Selon notre estimation très approximative basé sur un calcul savant, il devrait y en avoir un milliard ou plus. Tous en rang, sur une terre blanchâtre complètement asséchée et craquelée. Autant vous dire que notre amour de l’olivier s’est transformé peu à peu en ras-le-bol de ces paysages artificiels. Cela nous a d’ailleurs beaucoup rappelé Borneo et la déforestation que nous avions pu observer depuis l’avion et depuis le car, puisque là-bas toute la forêt primaire a été remplacée par des palmiers à huile de palme (boycottez ce produit malsain et nocif pour l’environnement!).  Et pour couronner le tout, les plantations d’oliviers ne sont vraiment pas pratiques pour trouver un campement discret et caché (voir anecdote plus bas). 

A Jaen, nous sommes tombés par hasard sur la « Fiesta del primer Aceite ». Ainsi, nous avons pu déguster différentes huiles d’olives et visiter un palacio. Nous avons également assisté à la création de pralinés à l’huile d’olive, avant de nous balader dans les ruelles ! Cette journée de pause nous a fait le plus grand bien et nous a permis de pédaler d’une traite jusqu’à Cordoba le lendemain. Sans oublier l’aide des barres de figues séchées qu’Abuela nous a offert avant notre départ. Tout droit venues de son campo, ce sont de véritables bombes énergétiques et un vrai délice ! Il faut avouer aussi que nous n’avions pas spécialement envie de retenter une nuit dans les champs d’oliviers (voir anecdote plus bas) !

C’est en mode « vacances » que nous avons visité la magnifique ville de Cordoba et ses alentours avec les parents d’Anysia. Sans oublier le défi sportif des vacances : 150 km de Cordoba à Serrato avec des montées-descentes afin de rejoindre une petite maison rustique louée pour les derniers jours et où nous écrivons cet article. Balades dans les alentours, parcs naturels etc...ce break nous a booster pour la suite. 

• En passant le col du Panissars nous avons croisé une plante avec des boules vertes piquantes contenant des graines noires. Alexi, pour faire rire Anysia, en a mises deux dans sa bouche afin de les « goûter ». Cette dernière n’a pas vraiment aimé la blague ni rigolé mais s’est plutôt inquiétée. En visitant le jardin de Pierre, il nous apprend qu’il s’agit d’une plante toxique pour l’homme…Oups !

• A Canals, nous demandons notre chemin à trois retraités espagnols visiblement surpris de nous voir sur notre monture. Après nous avoir indiqué la direction à prendre, l’un d’entre-eux, un petit vieux avec une voix très rauques, moustache et béret nous dit « Però que haceis con esta bici ? Un viaje ?», l’air un peu interloqué. Anysia : «  Si, hacemos la vuelta al mundo ! ». Lui, affichant un air encore plus incrédule : « La vuelta al mundo ???? Pero el mundo es muy grande muchacha ». On éclate de rire !

• Cette anecdote est interdite à la lecture de nos parents, merci de passer à la suite ! Le 3 novembre nous fêtions nos 13 ans de couple. Pour cela nous avions prévu d’atteindre une ville, Albacete afin de nous reposer dans un hôtel pour cette occasion spéciale. Après des heures et des heures et de nombreux kilomètres de voie de service longeant une autoroute, c'est-à-dire une très mauvaise piste longeant l’autoroute, nous décidons de prendre pour quelques kilomètres ce fruit défendu mais si tentant. En effet, aucun panneau n’interdisant les vélos sur les entrées d’autovia, nous supposions que c’était autorisé ( bon ok...on se doutait que c'était interdit). Là c’est le bonheur, nous fonçons à plus de 20 km/h contre 7 à 9 sur la piste et ceci sur une vingtaine de kilomètres....seulement. Car soudain, un coup de klaxon derrière nous, nous fait redescendre de notre petit nuage : la guardia civil nous demande de nous arrêter ! Le gentil garde nous informe que nous n’avons pas le droit de circuler sur l’autoroute à vélo. Très étonnés de cette information, nous nous confondons en excuse en affirmant que nous n’étions pas au courant puisqu’aucun panneau ne l’indiquait. Le garde décide alors de nous escorter jusqu’à la prochaine sortie, sans nous mettre d’amende, ouf ! C’est donc suivis d’une voiture de guardia civil avec les feux sur le toit, nous suivant à 20 km/h sur la bande d’arrêt d’urgence que nous sortons à la prochaine sortie, presque fiers de notre coup !

• Lors de nos innombrables kilomètres dans les plantations d’oliviers. Nous nous sommes retrouvés obligés de trouver un campement au beau milieu de ces derniers plantés en rang d’oignon, ce qui nous rend toujours visibles d’un côté ou de l’autre. Nous choisissons un olivier pour accrocher la douche (= notre sac d'eau tiède) et décidons d’attendre qu’il fasse vraiment nuit pour planter la tente car c’est la période des récoltes et des tracteurs peuvent encore passer. Anysia prend sa douche en premier et constate que le terrain est devenu très très boueux après son passage, elle averti Alexi afin qu’il change d’emplacement mais avec son positivisme absolu il décide de rester au même endroit. Il venait de commencer sa douche, lorsque nous entendons un tracteur arriver… Nu comme un verre, Alexi s’accroupi afin d’attraper son linge…mais ayant une plaque de 5 cm de boue accrochée sous chaque tong, il glisse, tombe dans la boue, se griffe avec l'arbre et n’arrive quand même pas à atteindre son linge ! Pendant ce temps Anysia ne sachant pas vraiment quoi faire s’accroupi pour se cacher derrière le vélo. Le tracteur passe de l’autre côté de l’olivier à côté duquel se trouve le vélo sans s’arrêter… en effet, le soleil est en train de se coucher et arrive droit dans les yeux du conducteur…qui ne nous a tout simplement pas vu ! Un peu sous le choc, nous décidons quand même de changer d’endroit et plantons notre tente sous un autre olivier par peur de nous faire écraser par un tracteur nocturne. Vive les plantations!

• Afin de faire de petites économies, nous avons décidé de ne jamais payer le papier toilette et, ce jour-là, il nous manquait du savon. Ainsi, nous eûmes la brillante idée de nous faire passer pour des collectionneurs de savon d’hôtel lors de notre visite à Valence. Ni une ni deux, nous sommes entrés dans un grand palace 5 étoiles, devant lequel une vingtaine de personnes très bien habillées attendaient visiblement quelque chose. Après être passés aux toilettes afin de chiper du papier et l’avoir glissé sous nos vêtements. Nous nous sommes rendus à la réception en expliquant notre amour des savons d’hôtel. Le réceptionniste, un homme très sympathique par ailleurs, s’empressa de se rendre dans une pièce attenante et en revint avec un savon et un shampoing en prime. « Muchas gracias » ! En sortant, nous sommes accueillis comme des stars puisque nous passons le pas de la porte au même moment ou un couple de jeunes mariés arrive dans une somptueuse voiture : cameraman, photographe, etc... et nous en plein milieu !!!

• Les Espagnols qui nous klaxonnent pour nous encourager sur la route, ou ceux qui se mettent à la même vitesse que nous en voiture pour nous parler ou nous photographier !
  
• L'apprentissage de l'espagnol (entre autre sur notre vélo) grâce à un super livre de grammaire acquis à Barcelone
• Les pistes cyclables inofficielles au bord des routes
  
• Le soleil et la météo clémente
  
• L’accueil chaleureux de nos hôtes Warmshower
  
• Les nombreuses plantations et champs qui nous ont permis de chiper oranges, mandarines, kakis, grenades, brocolis, figues, olive (une seule, c’est pas bon quand c’est pas apprêté !).
  
• Les paysages incroyables
  

• Les centaines de lapins vivant au bord des routes qui se sont enfuis en nous voyant ! On a compris l’expression « détaler comme un lapin » J

• Les bouquetins-biches (on a pas trouvé le nom officiel) qui peuplent la Sierra de Alcaraz

Nous allons continuer notre descente vers le Sud en visant le Maroc, comme prévu, sans passer par le Portugal car il commence à faire frais, il ne faut pas oublier que nous vivons dehors jour et nuit!

Nous avons étudié différents itinéraires après le Maroc :

1)   Remonter l’Espagne, la France et partir à l’Est : non c’est psychologiquement trop difficile de remonter à vélo tout ce qu’on vient de descendre, sans parler de la météo hivernale…

2)   Prendre un bateau pour la Sicile ou l’Italie et partir vers l’Est ce qui nous permettrait d’arriver encore dans les bons mois en Asie Centrale : pourquoi pas mais la situation politique actuelle en Europe de l’Est et Moyen-Orient n’est pas idéale...

3)   Partir pour l’Amérique du Sud : Oui, mais comment ? En bateau cargo: on a fait plein de recherches et des demandes, les seules options qu’on a trouvées pour le moment sont très onéreuse, environ 120€ par jour et par personne. Malheureusement, pour une dizaine de jours de traversée ça revient clairement plus cher que l’avion. En bateau de plaisance: on a pas trouvé un équipage qui proposait un itinéraire adéquat.

Si quelqu’un a un super bon plan à nous proposer, nous sommes preneurs. Sinon, nous pensons prendre un avion début janvier pour nous rendre à Ushuaïa et remonter l’Amérique du Sud ! Il faut vraiment qu’on développe notre espagnol !

Pour plus de photos rendez-vous dans la galerie :)