Après 2888 km en 60 jours de voyage nous traversons le détroit de Gibraltar en bateau sous un ciel coloré par le soleil couchant. Il est 17h30 lorsque nous arrivons au Maroc, la nuit est déjà tombée. Avec le décalage horaire nous avons « perdu » une heure de soleil, ce qui nous vaudra de nous lever souvent tôt car les journées sont très courtes. Nous sortons du bateau avec un sentiment triomphant en cherchant le panneau « Maroc » pour faire une photo, mais il s’avère introuvable. Le douanier marocain nous dévisage sur notre drôle de monture et nous lance « Merhaba, bienvenue chez nous » le ton est donné !
On s’installe au camping de Tanger et décide d’y rester une journée pour nous acclimater. Une jolie balade dans la Medina nous permet de découvrir les prix des fruits et légumes (vraiment pas cher) et l’un des petit déjeuner local : une galette de semoule de blé dur chaude préparée par Madame tandis que Monsieur la coupe en deux et la fourre de ce qu’on veut : miel, confiture, fromage (vache kiri), beurre de cacahuète, etc. ! Un vrai délice.
Pour ceux qui desire avoir des informations pratique sur le voyage a vélo au Marco, nos amis quebecois ont fait un super post ici.
Deux Québécois, un Brésilien et nous...
Le soir, en rentrant au camping, nous sommes ravis de découvrir la présence de 3 autres cyclotouriste : un couple de Québécois (Alex et Ronnie) et un Brésilien (Leonardo). Après avoir partagé le repas du soir (notre premier repas canadien avec des Canadiens) on décide de rouler ensemble en direction de Meknès. C’est ainsi que le lendemain on prend la route à cinq, une joyeuse équipée qui nous vaut de ne pas passer inaperçu dans la cohue du trafic de Tanger. « Bienvenue au Maroc », applaudissements, pousses levés, et autres signes d’encouragements nous font ressentir un accueil sincère et des plus chaleureux. Voyager à cinq ça nous donne confiance, ça nous rassure, on discute non-stop mais ça impose aussi qu’on adapte notre rythme à celui des autres. Il faut dire que les arrêts sont plus nombreux, sans parler des invitations à boire le thé !
Nous traversons des paysages étonnamment verts et pleins de champs cultivés. On peut encore y voir des paysans travaillant la terre à l’aide d’un cheval ou d’un mulet, se servir de la serpe ou de la faux et semer à la main. Ces belles images nous font réaliser qu’on se trouve bien dans un pays en voie de développement.
L'hospitalité Marocaine
Le camping sauvage au Maroc n’étant pas recommandé nous avons opté pour une solution bien plus sympathique : demander aux habitants de nous laisser planter notre tente chez eux. C’est ainsi que nous avons découvert l’hospitalité merveilleuse du peuple marocain. Notre première expérience en ce genre fût chez Mustafa, un garagiste ayant travaillé 15 ans en Espagne qui nous a autorisé à monter le campement à côté de sa maison. On est aux abords d’un village et près de la route mais il nous assure que nous sommes sous sa protection et donc en parfaite sécurité. Voulant acheter des fruits et légumes nous questionnons Mustafa qui nous explique qu’il n’y a pas vraiment de magasin dans ce village. Pourtant, peu après, il nous amène un gros sac de 2 kilos de mandarines que nous acceptons avec gratitude. Plus tard, c’est un autre villageois qui nous amène des patates et des tomates que nous lui achetons pour quelques dirhams. Nous comprenons alors que la solidarité et l’entraide est une valeur qui fait entièrement partie de la culture marocaine.
Le lendemain nous partons de bonne heure dans le but de faire un peu plus de kilomètres. Mais la pause petit-déjeuner-délicieux nous prend, comme tous les jours, une bonne heure.
Sans compter l’invitation chez Saïd pour boire le thé et discuter, on en profite pour apprendre du vocabulaire marocain. Il nous explique qu’il n’a pas beaucoup de travail ici et qu’il aimerait venir en Europe, ce qui est presque impossible actuellement. On échange un moment sur le sujet puis on refuse poliment l’invitation à manger car le temps passe et nous devons avancer.
Le soir même, c’est Aziz, le gardien d’un entrepôt de grains, qui nous autorise à nous installer sur le terrain sécurisé par un mur ! Avec un grand sourire il dit simplement « Mouchi mouchki » c’est-à-dire « Y’a pas de problème ». Après avoir refusé le sacrifice d’un poulet pour le repas du soir, on passe une excellente soirée autour d’un bon feu qui nous réchauffe. Aziz ne parle pas un mot de français, mais on arrive à communiquer par gestuelle et avec notre petit lexique marocain-français. Mais surtout c’est le langage universel du sourire et de la bonne humeur qui nous rassemble. On continue à enrichir notre vocabulaire avec des mots très utiles comme « Al cheima » (la tente) ce qui nous permettra de nous faire mieux comprendre par les gens. Au petit matin, on entend des voix au dehors de la tente : le propriétaire des lieux est là avec toutes sa famille. Un peu inquiets pour Aziz, on croise les doigts pour qu’il n’ait pas de problème à cause de notre présence. C’était mal connaître les marocains ! Bien au contraire, le propriétaire nous demande si nous avons été bien reçus et s’excuse de ne pas avoir amené le petit déjeuné. On est tout simplement hallucinés par tant d’hospitalité.
Un peu plus tard, nous partons pour une longue journée sur une route toute droite et bien monotone. Peu avant le coucher du soleil, nous demandons de l’eau dans une belle demeure et acceptons l’invitation à boire le thé. Tandis que nous visitons les innombrables salons marocains qui servent à accueillir et héberger la famille et les amis de nos hôtes, une table pantagruélique de douceurs est dressée pour nous. En un instant, nous oublions notre fatigue et profitons de ce buffet improvisé. On nous indique la station essence pour planter notre tente. Une fois sur place, nous sommes un peu hésitants mais finissons par demander au pompiste Abdul si nous pouvons dormir là : « Y a pas de problème ». Pour nous assurer qu’il a bien compris nous insistons : « Mais avec la tente !? », « Oui bien sûr, avec plaisir ». Au Maroc, c’est visiblement normal de dormir sur la pelouse intacte de la station essence alors que chez nous on nous rirait au nez en nous prenant pour des fous !
Une fois de plus nous mettons notre réveil tôt, vers 6h du matin, afin de profiter d’un maximum de temps de soleil. La journée est belle, le paysage retrouve un peu de relief et la route qui nous mène ce jour-là jusqu’à Meknès est pleine de jolies collines. Nous arrivons tôt dans cette ville afin de visiter la Medina…mais nous n’avions pas prévu que le camping est fermé depuis 5 ans et qu’il nous faudra plus de trois heures pour trouver un logement salubre à un prix abordable. Finalement, c’est sans même avoir visité la ville que nous partons le lendemain avec nos amis Québécois en direction de l’Atlas.
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