On aime pas trop prendre des bus mais cette fois c’est nécessaire car nous avons rendez-vous à Cuzco le 8 juin avec le petit-frère d’Anysia. Il nous est impossible de parcourir les 3000km restant en 5 semaines. Nous décidons de prendre un bus pour passer rapidement les 2000km de désert nous séparant du Nord du Chili et surtout de la frontière avec la Bolivie. Nous choisissons Iquique une ville dans le désert, au bord du Pacifique, d’où part une route menant à Pisiga. Nous y sommes accueillis par Anahi et sa famille qui nous permettent de découvrir la musique bolivienne. Ils chantent en Aymara, l’une des langues boliviennes avec le quechua et le guarani. Nous prenons aussi le temps de préparer notre ascension car la route traverse le désert puis l’altiplano dans des zones très peu peuplées. Nous devons anticiper attentivement notre autonomie en eau et nourriture.
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Notre itinéraire passe de 0 à 4351m en 260km avec un dénivelé positif de 5300m au total. Nous avons 3 cols à plus de 4000m à franchir ! Nous nous renseignons sur les villages en chemin et apprenons que nous pourrons trouver de l’eau environ tous les 50 kilomètres. Malgré le dénivelé cela nous semble faisable en effectuant deux petites et deux grosses étapes. Nous achetons donc assez de nourriture pour 5 jours mais seulement 8 litres d’eau, nos besoins quotidiens par cette chaleur.
Iquique – Pozo Almonte : la traversée du désert
Nous quittons Iquique après avoir salué et remercié notre famille d’accueil. La montée est sur une dune de sable géante, on se demande comment la route goudronnée fait pour tenir. Au bout de quelques minutes, une voiture se met à la même vitesse que nous et nous tend une bouteille de Powerade : le ton est donné ! Arrivés en haut, nous sommes déjà montés de 600m et découvrons un paysage de dunes rocheuses gigantesques qui nous fait sentir tous petits. Le soleil tape fort et la chaleur nous rend hagards et fatigués. Nous n’avons plus l’habitude des températures dépassant les 15 degrés !
Nous arrivons finalement à Pozo Almonte ou nous sommes accueillis par Susana ; une amie d’Anahi et ses parents avec qui nous mangeons le fameux « Once » chilien. Ils nous font découvrir la plante de quinoa et nous racontent leur histoires d’enfances entre Bolivie et Chili. Ils nous convainquent de rester un jour de plus et visiter les alentours en voiture. On se dit qu’un jour de pause n’est pas une mauvaise idée. On part le lendemain pour visiter Humbertstone, une ancienne mine de Nitrate et Pica, une oasis avec eau thermales et fruits.
Le déplacement en voiture nous parait interminable et ennuyeux au possible. En plus de nous rendre apathique la voiture nous rend fainéant puisqu’on arrive presque pas à imaginer que quelqu’un soit assez fou pour faire du vélo par cette chaleur dans ce paysage hostile et désertique.
Pozo Almonte – Posada : un début tout en douceur
Et pourtant, le lendemain, c’est super heureux que nous enfourchons notre tandem et parcourons 40km de plat désertique sur la route 5 avant d’arriver au paradis. Pourquoi ? Car un vendeur de pastèque croise notre chemin ! Et oui, au milieu du désert, ce fruit délicieux pousse apparemment ! Une pastèque plus tard, nous commençons le long faux plat nous menant vers la cordillère des Andes que nous apercevons au loin. Pas trop fatigués, nous arrivons à notre seconde étape, un petit restaurant de route (posada) ou nous remplissons nos bouteilles et dormons paisiblement.
Posada – Chusmiza : le plus grand dénivelé de notre vie
C’est aux aurores que nous partons pour une montée non-stop de 50km avec un dénivelé positif de 2100m. C’est pas seulement qu’on est un peu fou, c’est aussi qu’il n’y a absolument rien ni personne avant le petit hameau de Chusmiza, ou nous pourrons nous ravitailler en eau ! Les 20 premiers kilomètres sont un faux plat presque frustrant au vu du dénivelé que nous avons à faire. Le paysage commence à présenter une ou deux mini plantes de bord de route. Puis la pente raidie et nos muscles chauffent. Avec la prise d'altitue nous pouvons observer l'évolution de la végétation: les petites plantes grandissent, de nombreuses fleurs apparaissent.
Après 35km de montéee arrivent les pentes plus abruptes. Nous arrivons assez haut pour voir des cactus, le souffle commence à être plus court. On manque de force. On finit par passer les 3000m d'altitude et on se félicite en mangeant un cookie! Puis ça devient de plus en plus dur, la fatigue, le manque d'oxygène, on craque et on mange la moitié du chocolat qu'on avait prévu pour le sommet à 4300m! Pour la première fois depuis le début du voyage; Anysia se couche au bord de la route (alors que c'est quotidien pour Alexi)!
Les derniers kilomètres sont une vraie torture, à bout de soufffle, d'énergie; nous arrivons ENFIN au village de Chusmiza, à 3500m d'altitude! Nous sommes si fatigués qu'un bout de pain fait office de repas du soir avant de foncer au lit! Durant la nuit nous dormons très mal, nous avons la sensation d'avoir la geule de bois (quelle arnaque on a bu que de l'eau), mal à la tête, soif intense en plus de fortes crampes aux jambes pour Alexi. L'altitude ne laisse pas nos corps indifférents
Une journée de pause s'impose!
Notre chance inouïe est que le village de Chusmiza est doté d'une merveilleuse source thermale. C'est donc dans un grand bassin avec une vue splendide que nous passons la journée à détendre nos muscles. Cet arrêt permet également à nos corps de s'habituer au manque d'oxygène que nous ressentons au moindre effort. Une famille nous laisse planter notre tente dans une petite maison inutilisée. La nuit se passe un peu mieux malgré un fort mal de tête pour Anysia.
Chusmiza - Quebe : trois cols à plus de 4000m en une journée
Deuxième grosse étape de 58km et 1600m de dénivelé, une dernière folie pour atteindre l'altiplano. Nous partons à nouveau aux aurores dans le but d'atteindre notre objectif: Quebe, un village ou ne vit qu'une seule personne d'après nos informations. Alors qu'Alexi se réjouit de passer un col à 4351m, Anysia appréhende un peu les effets de l'altitude. La journée est longue mais absolument splendide. Après 15km de montée vraiment raide, nous passons un premier col à 3900m qui nous laisse découvrir l'un des plus beaux paysages de notre vie. Une vaste plaine se déroule sous nos yeux: des canyons, des montagnes rouges, vertes, grises ou blanchies par la neige. De petits buissons dorés rendent la luminosité presque féerique et des formations rocheuses sorties tous droit de l'imagination d'un peintre viennent parfairent le paysage. Notre bonheur est encore plus grand lorsque nous réalisons que la suite de notre chemin traverse ce paysage ce qui nous permet de le découvrir sous ses différentes facettes.
Lorsque nous arrivons au premier des trois cols, la joie l'emporte: 4351m c'est notre record et le point le plus haut de la journée. Séance photos, sauts de joie, bisous, on est fier de nous!
Après le deuxième col, une voiture s'arrête pour nous donner un paquet de crackers salés, on repart avec notre butin et le coeur rempli de leurs félicitations. D'autres personnes semblent étonnées voir vraiment inquiètes de nous voir ici. Plusieurs fois nous devons lever le pouce en signe de "tout va bien"pour que les gens continuent leur chemin. Après une descente ou nous dépassons notre record de vitesse, ainsi que la limite sensée (98km/h promis on le refera plus) on arrive finalement dans le hameau aux allures abandonnées de Quebe.
Nous trouvons rapidement la seule habitante, Severina, qui nous laisse sans problème poser notre tente à côté de sa maison. Elle nous parle également d'une source thermale à deux pas qui devrait nous permettre de nous débarasser de notre saleté et détendre nos muscles. On en croit pas nos oreilles: chanceux que nous sommes! On déchante vite en réalisant que l'eau est à peine tiède et qu'un vent glacial balaye la plaine. A défaut de détendre nos muscles, au moins nous serons propres. Premier bain à plus de 4000m, l'unique peut-être? Espérons-le car nous avons rarement eu aussi froid pourtant les douches en extérieur ça nous connaît!
Petite journée pour arriver en Bolivie
Le matin nous réalisons qu'il a fait super froid durant la nuit car la rivière est gelée. L'air est sec et glacial sur l'altiplano mais nous sommes bien équipés et n'en souffrons pas. Nous discutons avec Severina qui est en fait Bolivienne et parle Quechua. Son espagnol est rudimentaire mais nous permet de comprendre son mode de vie. En chemin, nous découvrons nos premiers champs de quinoa ainsi que les lamas et alpacas qui paissent tranquillement aux alentours.
Et une nouvelle page de notre voyage se tourne, nous passons aisément la frontiere. Adios Chile, à nous la Bolivie!!!
Notre itinéraire
Photos
Pour plus de photos rendez-vous dans la galerie :)
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MAMMA RUTH (jeudi, 19 mai 2016 07:02)
la limite sensée (98km/h promis on le refera plus: pfuiiii, eimal so schnäll isch eimal zvill!!
Sylviane (jeudi, 19 mai 2016 23:16)
Magnifique! Que d'exploits, bravo! Pour avoir seulement fait quelques pas sur l'Altiplano à 4200m, j'imagine que pédaler à cette altitude c'est pas de la tarte… Mais quels paysages! Ça donne envie de repartir... Becs et bonne route en Bolivie!
Ju (vendredi, 20 mai 2016 00:15)
Magnifique aventure continuer vous me faites rêver !!!
Biz.
Ju
uFurnarotu (vendredi, 20 mai 2016 08:48)
Ouf! je suis arrivé essoufflé au bout de l'article, manque d'oxygène.
Magnifique aventure et superbe exploit. Moi aussi je suis fier de vous.
98 Km/h, pas bien.....
Bisous
Sabine (vendredi, 20 mai 2016 19:53)
Vos photos sont magnifiques et vous racontez tellement joliment votre voyage. Je suis admirative de vos exploits...vous vous enrichissez à chaque coup de pédale...ce que vous vivez est magnifique!
Que le voyage continue
Yann (samedi, 21 mai 2016 00:59)
98 km /h en passant de 0 à 4300 m, c'est beau !
Quand vous ferez 4300 à 0 vous allez faire péter le compteur !
Magnifique votre aventure, vos récits et photos
Papa Borel (dimanche, 22 mai 2016 22:22)
Que d'émotions. Jamais un Pino de Hase n'a atteint une telle vitesseincroyable de 98 km/h ! Encore une fois le team cyclistes/tandem a fait la différence.
Ceci dit, nous avons tous très envie de vous revoir alors n'oubliez pas: "Chi va piano, va sano e lontano - Chi va forte, va a la morte"